29 février 2016
Pour la cinquième année consécutive, Piaget s’associe à des artisans d’exception pour proposer une série de garde-temps aux cadrans précieux qui célèbrent la beauté de la rose Yves Piaget. Ainsi, Rose Saneuil, artisan en marqueterie, a prêté sa virtuosité technique à la création d’une rose très élaborée pour deux montres Piaget Altiplano et a réalisé deux modèles en marqueterie de bois et marqueterie de bois et nacre. Tournée vers la marqueterie miniature depuis 2013, Rose Saneuil est spécialiste des mélanges de matériaux, un savoir-faire maîtrisé par de très rares artisans, notamment quand il s’applique à un espace aussi réduit que le cadran d’une montre. WorldTempus a eu l’occasion de l’a rencontrer lors du SIHH.
Pouvez-vous m’expliquer les étapes de réalisation d’une pièce ?
On démarre toujours la marqueterie miniature par un dessin. Puis vient le choix des matériaux, qui doivent correspondre au mieux aux couleurs du dessin. Sur l’Altiplano, j’ai utilisé de la nacre blanche et découpé de l’érable moucheté rose pâle et du sycomore rose en plaquages de 0.6 mm d’épaisseur. Au total, il y en a 96 éléments pour un seul motif de rose, un seul cadran. Puis j’ai préparé des paquets, ce que l’on appelle des sandwichs. Chaque pièce est prise entre deux plaques de bois neutre, qui en soit ne sont pas utiles, mais qui servent à ce que chaque plaquage soit le plus plat possible et à stabiliser la matière. Une fois que j’ai toutes les pièces, c’est comme un puzzle: je vais reconstituer le motif avec les plaquages découpés. C’est la technique dite « d’élément par élément ». Une fois les 96 éléments incrustés sur le cadran, vient l’étape du renforçage de la pièce. Enfin reste les finitions : le ponçage et le vernis. Le motif terminé est alors posé sur les bases métalliques du cadran.
Suivez-vous un certain ordre pour poser chaque élément?
Cela dépend des motifs, mais pour la Rose Piaget, il y a effectivement un ordre à respecter. L’incrustation se fait élément par élément, de l’extérieur vers l’intérieur du motif. Cela n’est pas simple du tout, car chaque élément doit être ajusté au millimètre près.
Combien d’heures de travail sont nécessaires à la réalisation d’une pièce ?
Entre le moment où j’ai rencontré l’équipe Piaget et où j’ai fini le prototype, il s’est passé quasiment un an. Une fois que le motif et les matériaux ont été choisis, la réalisation d’un seul cadran a nécessité 25 heures de travail. C’est beaucoup de temps !
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au fur et à mesure de la réalisation d’un cadran ?
Dans la marqueterie, ce qu’il y a de plus compliqué c’est la miniature où le moindre écart n’est pas permis. La difficulté est dans le fait que chaque élément, chaque matériau travaillé est minuscule. Il faut de la rigueur, de la persévérance et parfois même de l’abnégation…
D’où vient votre passion de la marqueterie ?
Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été attirée par les arts et les métiers des arts. D’un autre côté, je suis cartésienne, donc carrée, et j’aime la logique. La marqueterie c’est l’association de la créativité et de la rigueur. C’est la jonction des deux qui fait que cela me passionne tant.
Existe-t-il certaines limites dans la marqueterie miniature ?
J’ai commencé la marqueterie miniature il y a seulement deux ans. Avant cela je ne faisais pas du tout de cadran. J’ai donc été confrontée à des limites de matériaux comme la nacre par exemple, qui est très fragile à travailler. Mais après, je contourne les limites. J’arrive toujours à m’en sortir et à trouver des solutions. C’est le challenge ! Et c’est de cette manière que je progresse tous les jours.
Où trouvez-vous l’inspiration pour vos créations ?
La nature est une grande source d’inspiration. Au quotidien, quand je me balade, je fais beaucoup de photos dont je me sers après pour mes motifs. Parfois, je m’inspire de la courbe d’un visuel, parfois je reprends plus d’éléments. A partir de là, ce qui m’intéresse vraiment est le fait d’amener des autres couleurs, de la matière et du volume à mes motifs.